L'invention du gemmage remonte à l'époque gallo-romaine pour le calfatage des bateaux, mais le procédé amorça en France sa phase industrielle au XVIIe siècle, pour se généraliser dans les landes de Gascogne à partir du milieu du XIXe avec la fin du système agropastoral et le boisement du massif.
Au fil du temps, les techniques de récolte ont évolué. Les anciens gemmeurs creusaient un trou au pied du pin, en général entre les racines, qu’ils tapissaient de mousse. Ils réalisaient ensuite une incision dans l’arbre appelée care avec le hapchot (hache en gascon, ayant l’extrémité recourbée). De cette blessure coule la résine qui sera récoltée trois à quatre fois par an, c’est l’amassa. Il fallait régulièrement reprendre l’incision, car l’arbre cicatrise rapidement. La care pouvait ainsi s’élever jusqu'à 4 m. À cette hauteur, les résiniers utilisaient le pitey, sorte d’échelle à un seul montant qui nécessitait un bon sens de l’équilibre! Vers la fin de la saison (au mois de novembre), on grattait la care pour récupérer la résine cristallisée.
Cette méthode n’était pas vraiment optimale car la résine obtenue contenait beaucoup d’impuretés (sable et brindilles) et l'essence de térébenthine s’évaporait lorsque la résine coulait le long de la care. Une nette amélioration fut apportée en 1840 grâce à l’invention du pot de résine en terre cuite vernissée coincé entre une lamelle de zinc et un clou en bas de la care.
La résine collectée était ensuite distillée pour séparer la partie volatile de la résine (l’essence de térébenthine) de la partie solide (la colophane).
La térébenthine était utilisée dans quatre grands domaines : les produits d’entretien, les peintures et les vernis, les produits de synthèse (caoutchouc, parfums, etc.), l’industrie pharmaceutique et de bien-être. Les colophanes servaient dans la fabrication de l’encre noire d’imprimerie, de savons, de linoléums, plastifiants, colles, huiles et graisses industrielles.
Après la deuxième guerre mondiale, l’exploitation de la résine a commencé à décliner, pour disparaître dans les années 1960-1970. L'augmentation du coût de la main d'œuvre, la concurrence étrangère et l'arrivée de produits de synthèse ont largement contribué à ce déclin. Depuis 2014, on assiste à des tentatives de relance du gemmage avec l’expérimentation d’une nouvelle technique de collecte en vase clos : des piques circulaires sont réalisées avec une perceuse, un activant à base d'acides végétaux est appliqué pour favoriser l'écoulement de la résine qui est recueillie dans une poche semi-hermétique.